Préambule / introduction:

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L’eau est une ressource naturelle renouvelable, vulnérable et limitée, indispensable à la vie et de la société, un facteur clé dans le maintien de l’équilibre écologique, une matière première pour des activités productives, une source d’énergie et un mode de transport. En Moldavie, la ressource en eau est vulnérable. Près de 60% de la population vit à la campagne où les infrastructures d’assainissement et d’approvisionnement en eau sont quasiment inexistantes. Plus de 75% de la population rurale n’a pas accès à l’eau potable et seulement 10% a accès à un assainissement décent. 80% de la population utilise les latrines comme moyen d’assainissement et consomme une eau dont la pollution en nitrates dépasse largement les seuils fixés par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Selon les autorités sanitaires locales, près de 20% des maladies traitées en Moldavie sont des maladies d’origine hydrique. Dans cette fiche pédagogique, revenons sur le contexte moldave pour expliquer les politiques de l’eau Moldave.

I. Contexte générale de la Moldavie

La Moldavie est un pays situé en Europe Orientale enclavé entre l’Ukraine et la Roumanie. Ce territoire possède d’une superficie de 33 843 km2. La population moldave s’élève à environ 3.558 millions d’habitants (hors la « république » autoproclamée pridniestréenne dite Transnistrie). 1.503 millions de personnes vivent dans les zones urbaines (principalement concentrée dans la capitale de Chisinau) et 2.055 millions dans les zones rurales. La densité de la population est de 127 habitants par KM2.  La langue officiel est le roumain mais de nombreux moldaves parlent russe. Cette pratique de la langue russe est principalement liée au contexte historique de ce pays qui est devenu indépendant de l’URSS le 27 aout 1991. Cette république connait un contexte politique difficile puisque partagée entre un modèle européen et un modèle russe. Pour illustrer ces divisions, nous pouvons prendre la région autonome qui se nomme la Transnistrie qui est un territoire moldave autoproclamé indépendant de la République de Moldavie. Ce territoire non reconnu de l’ONU possède entre son gouvernement (communiste) avec sa capitale qui se nomme Tiraspol, une monnaie, son armée, ses frontières…

Aujourd’hui, la République de Moldavie a signé un accord d’association avec l’Union européenne qu’elle souhaite intégrer dans les années à venir. Elle est en phase de rapprochement  de l’Union Européenne mais pour cela le pays doit respecter les normes, lois de l’UE et notamment la Directive Cadre sur l’Eau.

A_D’un point de vue économique:

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La république de Moldavie est l’un des pays les plus pauvres d’Europe. Son Indice de Développement Humain (IDH) est de 0,69 en 2014 et le Produit Intérieur Brut par habitant est de 2239 $ (en comparaison, le PIB de la France est de 44 099$. La salaire minimum moldave assuré par le gouvernement est de 58 euros et le salaire moyen estimé en  était de 150 euros et de 260 euros dans la capitale Chisinau.

Ce pays fonde principalement son économie autour de l’agriculture avec une production importante de vin, de légumes et de fruits. D’un point de vue de l’occupation des sols, la Moldavie possède 53% de terre arable, 14% de cultures céréalières, 13% de pâturages, 9% de forêts anthropisées, 8% du territoire et 3% d’espaces naturels primaires sont urbanisés.

D’un point de vue énergétique, wikipédia nous apprend que ” La perte de certains marchés traditionnels, la dépendance énergétique au gaz russe, et la sécession de la « république » autoproclamée Pridniestréenne dite Transnistrie, ont provoqué la chute dramatique du PIB qui est en 2006 inférieur à celui du Bangladesh, et le plus bas d’Europe, malgré une forte croissance économique (plus de 8 % en 2005 depuis l’an 2000). Pour l’année 2008 il est estimé une croissance économique de 8,1 %. “

D’un point de vue industriel, les manufactures et les industries se concentrent principalement près de la capitale, Chisinau, et de Tiraspol (capitale de Transnistrie). Nous retrouveront ici des  conserveries, transformation du lait, textiles, travail du bois et des métaux.

Il nous reste enfin à noter que le tourisme moldave se développe de plus en plus notamment via ses nombreuses caves à vin et ses monastères orthodoxes.

B_D’un point de vue environnemental:

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Lors de nos différents voyages d’études en Moldavie, les grandes plaines à perte de vue étaient impressionnantes et marquent le paysage Moldave.  Ce pays possède un Réseau écologique national avec un plan d’action pour la protection de la biodiversité qui a notamment était développé par les associations « Biotica » et « M.E.M. ». Comme il est précisé sur Wikipedia, “En 2001, les noyaux du réseau écologique y couvraient 73 145 ha, incluant cinq réserves scientifiques (19 378 ha), près de 30 réserves naturelles (22 278 ha), 13 territoires ayant un autre statut de protection (4 350 ha), 13 habitats humides étant repérés, mais encore sans statut de protection (24 592 ha). Des corridors biologiques d’importance nationale et/ou internationale ont été distingués et cartographiés dans ce plan. L’une des plus anciennes de ces réserves est celle du Codru, en altitude (432 m) au centre du pays. Le Parc national Orhei est le seul parc national moldave. Il a été créé en 2013.”

D’une manière générale, malgré ces différentes réserves de biodiversité, la situation environnementale aujourd’hui en Moldavie devient critique. Cliquez >>>ICI pour consulter l’article d’Actu Environnement sur la situation des pays de l’Europe de l’Est

II. Contexte de la ressource en eau en Moldavie

A_Contexte général

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Les ressources en eau dans la République de Moldova sont constituées de 3.621 rivières et ruisseaux avec une longueur de plus de 16.000 kilomètres. 4.126 lacs naturels et bassins artificiels ont été recensés et recouvrent une surface de 40 878 ha. En Moldavie, on dénombre environ 7801 puits artésiens, environ 166 542 puits  nourris par de nombreuses sources d’eau souterraine. Les principales artères d’eau sont Nistru (Dniestr) et Prut.

Le Dniestr est un fleuve de 1380 km qui prend sa source dans le massif des Carpates en Ukraine. Il traverse la Moldavie à l’est et repasse par l’Ukraine pour se déverser dans la Mer Noire.  Les eaux de ce fleuve constituent une ressource vitale pour environ 8 millions de personnes qui vivent autour de cette rivière. Le Dniestr et ses affluents sont les principales sources d’approvisionnement en eau pour l’agriculture, l’industrie et en eau potable pour l’agglomération de Chisinau. Cette rivière a longtemps été navigable, et a permis l’exportation de denrées agricoles, de céréales, de légumes et de bois. Son bassin est essentiel pour l’économie Moldave, puisque plusieurs villes s’alimentent en eau potable via le Dniestr et plusieurs industries, notamment celles de Transnistrie ont besoin de cette eau dans leurs processus.

Le fleuve Prut est une rivière frontalière (Ouest du pays) entre la Moldavie et la Roumanie longue de 953 km qui prend  sa source sur le versant oriental du mont Hoverla, à proximité du col Yablonitsky dans les Carpates, en Ukraine. Ce fleuve se jette également dans la Mer Noire. Le Prut est connu comme l’une des rivières les plus propres d’Europe puisque les activités économiques et l’accès à cette rivière ont longtemps été interdits par l’URSS. Peu de villes et d’industries se situent au bord du Prout.  Cette rivière aujourd’hui est un lieu de loisirs pour les moldaves. Des activités comme la baignade, des sports de rivière (…) y sont pratiquées.

En Moldavie, la superficie totale de ces deux rivières majeures forment deux bassins versants qui s’étendent sur une superficie de 19 070 km2. Les eaux de surface sont les sources d’eau les plus exploitées puisqu’il est estimé que l’eau alimentant les différents usages est puisée à 83% dans les rivières Dniestr et Prut; 1,8% sont puisés dans d’autres eaux de surface; 0,2%. proviennent des eaux souterraines extraites des puits artésiens, et environ 15% des eau consommées par la population provient  des puits présents quasiment dans chaque habitation rurale en Moldavie.

img_2996Les puits en Moldavie: regard du groupe français

Tout au long du voyage, nous avons pu découvrir que de nombreux puits qui  étaient présents sur le bord des routes et dans les habitations moldaves. Dans les campagnes, la majorité des habitations n’a pas accès à l’eau potable (il est estimé à plus de 75% de la population rurale qui n’a pas accès à l’eau potable). Malgré ce constat officiel, de nombreux habitants viennent puiser l’eau potable dans ses équipements. Ces puits, synonyme de vie en Moldavie, constituent le paysage de ce pays et sont en règle générale très bien entretenus par les ménages Moldaves. Il est notamment dit dans cette culture « qu’un Homme doit construire une maison, élever un enfant et bâtir un puits ». L’aspect extérieur de ces équipements est souvent embelli d’ornements.  Il est possible pour chaque citoyen moldave de construire des puits et de puiser l’eau dans la nappe phréatique sans qu’une taxe soit imposée par le gouvernement. Seul les agriculteurs et les industriels sont assujettis à une taxe quand ceux-ci puisent l’eau dans les rivières ou les nappes phréatiques.

Actuellement en Moldavie, il existe 170 sources d’eau minérale. La moitié d’entre elles ne sont pas utilisées pour des raisons diverses (principalement en raison de la teneur en fluor et de l’hydrogène sulfuré dépassant le maximum autorisé de 8 à 10 fois selon les normes de l’OMS).

Le volume d’eau disponible en Moldavie est d’environ 1100 m3 d’eau par habitant et par an, alors que le volume utilisé est de 300m3 par habitant et par an. Au niveau international, le seuil critique est situé à 1700 m3 d’eau par an et par habitant (niveau de sécurité de la disponibilité de l’eau douce renouvelable). Dans le cas où le volume d’eau disponible est inférieur à 1 000 m3 par habitant et par an, les pénuries d’eau peuvent entraver le développement économique et provoquer des incidences sur la santé et de vie. Ainsi, ce seuil n’est pas critique pour la Moldavie. C’est à cause de la  mauvaise qualité des eaux moldaves due à la pollution diffuse que la situation  de l’eau est critique en Moldavie.

B_De l’accès à l’eau en Moldavie à la qualité des eaux Moldaves

Selon les statistiques (2012), dans le pays il y a 828 aqueducs. 73 de ces ouvrages alimentant en eau les populations ne sont pas fonctionnels. Les aqueducs sont reliés à 378 communes (38,7%). 76,7% des ces aqueducs relient les villes et 36,2 les zones rurales. Le nombre de localités équipées pour l’approvisionnement en eau augmente chaque année. Cela est dû à l’augmentation des investissements dans le secteur, qui, au cours des cinq dernières années étaient d’environ 1,9 milliard (32% des bailleurs de fonds nationaux et  68% d’investissements étrangers). Ces dernières années, au total, 180 systèmes d’approvisionnement en eau ont été réalisés.

Traduction d’un article paru sur MOLD STREET (cliquez >>>ICI pour consulter l’original)  :

Titre: Le géant français Véolia refait une tentative pour rentrer sur le marché moldave

“Les représentants du groupe français Véolia ont annoncé dans le cadre d’une entrevue avec le premier ministre moldave Pavel Filip l’intérêt du géant français à développer ses affaires en Moldavie y compris par la mobilisation des fonds européens à cet effet.

Le premier ministre a salué l’initiative et a confirmé l’ouverture et la disponibilité du Gouvernement à accorder tout le soutien nécessaire à la réalisation de projets viables dans des secteurs stratégiques pour l’économie nationale.

“Nous sommes un gouvernement pro-business, qui soutient le développement des agents économiques et leur accorde tout le soutien nécessaire pour surmonter les barrières bureaucratiques. Nous faisons tous les efforts nécessaires pour assurer un climat d’affaires favorable et attirer les potentiels investisseurs”, s’est vanté Pavel Filip.

L’entrée possible du géant français dans notre pays a été annoncée en aout 2014, lorsque l’ambassadeur Oleg Serebrian soutenait que Véolia avait un plan d’investissement de 150 mln d’euros en Moldavie en 2015.

La même chose avait été annoncée en février 2013. Les crises économiques et politiques ont ajourné l’investissement.

En 2008, l’entreprise française avait soutenu qu’elle aurait pu reconstruire la station de traitement des eaux usées de Chisinau, mais l’investissement nécessaire était de 70 mln d’euros et n’a pas été fait.

Véolia est le premier distributeur d’eau dans le monde coté en bourse. Conformément aux rapports financiers, en 2015 la compagnie a livré de l’eau à 100 millions de consommateurs et a fait un chiffre d’affaire de 25 milliards d’euros. En même temps, la compagnie est un grand producteur d’électricité.”

Il convient de noter que le plus gros problème de l’approvisionnement en eau est lié au traitement des eaux usées et à l’assainissement. Par conséquences, les eaux de surface connaissent une pollution très importante. Sur les aqueducs (828), seulement 158 sont équipées de systèmes d’égout (dont seulement 110 fonctionnent) et 124 sont équipés d’installations de traitement des eaux usées. Malheureusement, chaque année, le nombre de systèmes d’assainissement est en baisse. Ainsi, en 2013, ces indices sont 156 systèmes d’égouts et 108 installations de traitement des eaux usées.  La schéma ci dessous montre le déclin progressif des systèmes d’assainissements:

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43 % de la population est connectée à un système d’approvisionnement (à l’exclusion Chisinau) et seulement 21,4% de la population bénéficie de collecte des eaux usées centralisée, dont seulement 1,0% dans les zones rurales. Ce manque d’infrastructure aggrave la gestion qualitative et quantitative des plans d’eau:

– Non-respect des exigences environnementales sur les zones de boisement et les zones forestières: il y a dans ces zones une absence de protection des rivières et de bassins d’eau

-La conduite des activités humaines  près des sources de pompages de l’eau : qui sont des terres de rejet de déchets, de destruction des arbres, de transports, de lavage, etc.)

-L’absence de zonage pour protéger les rivières et les bassins d’eau

-Les prélèvements d’eau se réalisent dans les sources qui alimentent les masses d’eau

-La construction de bassins d’eau sur les cours d’eau (construction de barrages hydroélectriques avec des installations)

-L’utilisation non autorisée de l’eau de barrage pour l’irrigation

-L’érosions des sols

-La mauvaise gestion des déchets ménagers

L’accès à la ressource en eau est intrinsèquement lié à l’état de la qualité de l’eau qui est ici fortement influencée par des facteurs anthropiques et naturels. La qualité des eaux naturelles est basée sur des facteurs physiques, chimiques et bactériologiques. Les principaux indicateurs analysés par le service hydro-météorologique et le centre d’investigation et d’inspection écologique de l’Etat moldave montrent que les pollutions de l’eau sont liées plus  spécifiquement à l’ammonium, les nitrates, les nitrites, la demande chimique et biologique en oxygène, les matières en suspension. Les concentrations de polluants dans les eaux de surface varient en fonction de la saison. Les plus hautes concentrations de ces polluants sont révélées pendant les saisons chaudes.

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La qualité de l’eau du Dniestr et du Prut est moyennement polluée (sous forme d’indices hydro-écologie correspondant aux classes II (propres) et III (modérément polluée)) par des éléments biogènes, tels que l’azote, le phénol, les composés du cuivre, des produits pétroliers. Les principales pollutions interviennent principalement au sein des petites rivières où la qualité de l’eau est caractérisée par un degré élevé de pollution avec des ions ammonium, des nitrites, du cuivre, des produits pétroliers, des phénols, des substances tensio-actifs, des substances qui affectent la substance biochimique (CBO5) et par une faible teneur de l’oxygène dans l’eau. La plupart des petites rivières polluées qui nécessitent des améliorations urgentes sont la rivière Bic en aval de Chisinau, la rivière Raut en aval de la commune de Balti, le Cogilnic en aval de la commune de Hincesti; la rivière Lunga en amont et en aval de la ville Ceadîr-Lunga. En plus, l’eau des petites rivières dans le sud du pays traversant des massifs rocheux présentent un taux élevé en sel qui rend impure l’eau à la consommation et à l’irrigation. Les rivières Bâc, Ciuhur, Gîrla Mare, Sărata, Lăpușna, Cubolta, Lunga, Cogîlnic, Ichel, Botna sont considérées comme moyennement polluées.

En Moldavie, 54% des sources et des fontaines sont conformes aux paramètres de qualité de l’eau potable de consommation. Le manque de systèmes d’élimination des déchets sont des sources d’insalubrités fortes qui sont considérées comme les principales causes de dégradation de la qualité de l’eau dans les puits dont  environ 84,2% sont utilisés pour l’approvisionnement en eau pour environ 75% de la population rurale. En règle générale, les eaux des puits sont polluées par les nitrates, les nitrites et par le ruissellement des déjections animales s’infiltrant dans la terre et la source d’eau (les animaux d’élevages détenus par les ménages en milieu rural sont souvent élevés à proximité des puits) .

La pollution de l’eau est causée, dans la plupart des cas, par les eaux usées qui sont très peu traitées. Les infrastructures liées à l’assainissement collectif ou non collectif sont très peu présentes en Moldavie. Les stations de traitement des déchets sont quasiment inexistants. Principalement en milieu rural, il n’est pas rare en Moldavie de trouver des décharges sauvages qui sont souvent présentes à proximité des rivières. Ce manque d’infrastructure semble être lié à la situation économique, politique et culturelle du pays. Elle impacte directement la qualité des ressources en eau en Moldavie. Également, l’eau de pluie qui ruissèle se charge en substances nocives, ce qui crée des problèmes de pollutions des eaux souterraines et donc des pollutions des puits artésiens. L’infiltration de l’eau de pluie vers les nappes souterraines détériore sérieusement ces masses d’eau qui deviennent de plus en plus dégradées aujourd’hui.

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Pour résumer et conclure cette partie. Les problèmes généraux liés à l’eau en Moldavie sont:

-L’utilisation irrationnelle des ressources aquatiques

-L’utilisation intensive des eaux de profondeur

-L’utilisation insuffisante des eaux de surface

-L’utilisation des latrines comme moyen d’assainissement

-Le manque de systèmes de potabilisation de l’eau

-Le manque de systèmes de traitement des eaux usées

-L’inefficacité des systèmes existants de traitement des eaux usées

-Le manque de gestion des déchets

-Le manque de moyens financiers et de politiques ambitieuses pour la protection des ressources aquatiques

Nous pouvons ajouter que la mauvaise qualité des eaux moldaves est responsable de nombreux problèmes de santé publique et plus généralement:

– La mauvaise qualité de l’eau détermine jusqu’à 20% des maladies hépatiques, 25% des maladies gastro-intestinales, 100% des fluoroses

-La qualité de l’eau des puits sur tout le territoire de la Moldavie ne correspond pas au standard« eau potable »

-87% des puits sont pollués aux nitrates et nitrites

-La morbidité dans les zones où la concentration des nitrates dépasse 170 mg/l a augmenté 3 fois par rapport aux zones avec une concentration en dessous de  45 mg/l.

Pour faire face à cette mauvaise qualité des eaux en Moldavie, un petit groupe d’étudiants français en école d’ingénieurs a réalisé une recherche qui vise à donner des solutions durables pour traiter la ressource en eau. Vous pouvez consulter leur présentation en cliquant >>>ICI

III. L’organisation territoriale des politiques de l’eau en Moldavie. 

Comme nous avons pu le constater, l’accès a une eau de qualité en Moldavie n’est pas simple. Le manque d’infrastructure de traitement des eaux usées et la mauvaise gestion des déchets posent des problèmes majeurs pour la ressource en eau. Ces problèmes sont plus globalement liés au contexte économique, politique et culturel de la République de Moldavie.

A_Les acteurs institutionnels et le cadre légal

Plusieurs acteurs étatiques interviennent dans les problématiques de l’eau. Nous retrouvons ainsi deux ministères qui organisent les politiques de l’eau:

Ministère de l’environnement

Ministère de la santé

Agence nationale ”Apele Moldovei”: s’occupe de la gestion des eaux de surface Centre National de santé publique
Agence pour la Géologie et les Ressources Minérales : s’occupe de la gestion des eaux souterraines Centres de santé publique sur le territoire : ils surveillent et donne un avis sanitaire quant à la qualité de l’eau potable et la qualité des eaux à usage récréatif.
Inspectorat Ecologique d’Etat : elle gère les usages spécifiques de l’eau et le respect de la législation (police de l’eau)
Service Hydrométéorologique d’Etat : gère la surveillance la qualité de l’eau de surface

Dans un second temps, nous retrouvons également les pouvoirs publics locaux qui ont un rôle de protection de l’usage des eaux des territoires administrés

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D’un point de vue légal, le gouvernement à mis en oeuvre plusieurs lois qui concerne la ressource en eau directement ou indirectement. Celles-ci sont:

– La loi sur la protection de l’environnement, 1515/1993;

– La loi sur l’Eau, No.272 / 2011, adoptée le 26 Octobre 2013:

“Le champ d’application de cette loi est le suivant: A) la mise en place d’une base juridique pour une gestion, une protection et une conservation efficaces des eaux de surface et des eaux souterraines; B) la prévention de la détérioration de l’état de l’eau; C) l’établissement des droits sur l’eau; D) un approvisionnement en eau suffisant en eau de surface qualitative et en eau souterraine pour une gestion durable, équilibrée et juste de l’eau.

Cette loi réglemente: A) la prévention des inondations, de l’érosion, de la sécheresse et de la désertification; B) l’évacuation de l’eau, l’approvisionnement en eau et le rejet des effluents. Les ressources en eau sont régies par le droit public de l’État. Toute personne physique ou morale a le droit d’utiliser l’eau conformément à la présente loi. Le registre des eaux d’État doit contenir des données sur le réseau hydrographique, la délimitation, la classification et l’état des plans d’eau, les ouvrages hydrauliques, les zones de protection de l’eau, l’extraction de l’eau et le retour de l’eau”;

– La loi sur les zones de protection et des bandes de rivières d’eau et des bassins d’eau, no.440 / 1995;

– La loi sur les ressources naturelles, nr.1102 / 1997;

– La loi sur la pollution de l’environnement, 1540/1998

B_Une organisation de la ressource en eau en cours de décentralisation afin de répondre à la Directive Cadre sur l’Eau

Aujourd’hui, la République de Moldavie adapte ses politiques de l’eau à la Directive Cadre sur l’Eau (DCE). C’est une des conditions imposées afin d’accéder à l’UE. Pour ce fait, plusieurs étapes sont en cours de réalisation:

  • Gestion par bassin versant des masses d’eau
  • Répondre à la législation Européenne (d’un point de vue du bon état de la ressource en eau)
  • Récolter des informations pour faire un état des lieux complet
  • Prendre des décisions claires sur les actions à mettre en œuvre.

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Une loi sur l’eau a été votée le 23 décembre 2011 intégrant les différentes dimensions de la DCE. La Moldavie a divisée son territoire en deux grands bassins versants pour une meilleure gestion de ses eaux.  Ces bassins versants se constituent autour des deux grandes rivières majeures Les fleuves Prout et Dniestr sont les deux axes majeurs de ces bassins versants.  Cette loi a également permis la construction de sous bassins versants présents aujourd’hui un peu partout dans le pays. Au total, se sont 39 sous bassins hydrographiques qui ont été identifiés et qui commencent à s’organiser.

Dans cette décentralisation, le gouvernement moldave développe des outils pour protéger la ressource en eau. Il a également la volonté de mettre en place une méthode pour obtenir une vison complexe de la rivière en cherchant à intégrer dans le fonctionnement de ces bassins et sous bassins versants un mode de gouvernance faisant intervenir les citoyens, des associations, les usagers de l’eau… Une stratégie de planification avec des actions précises pour atteindre le bon état écologique et chimique des eaux souterraines et des eaux de surfaces (les eaux moldaves sont fortement polluées) a également été mise en place. Dans chacun des sous bassins versants, des plans de gestion ont été développés. Les grands enjeux quant à la mise en application de la DCE dans les politiques de l’eau moldave se retrouvent dans :

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  • La collecte d’informations précises (difficulté ici pour avoir accès aux données et de nombreuses données sont à créer)
  • La création de comités de bassins rassemblant tous les usagers de l’eau
  • Trouver un support financier qui soit viable et durable
  • La capacité des institutions à s’adapter et à agir avec la population
  • Les enjeux de la coopération transfrontalière

Pour consulter la présentation de M. Andrei Ursache, membre du Ministère de l’environnement Moldave  cliquez >>>ICI

Notons également que ces deux grands bassins versants ont la caractéristique d’être des bassins versants transfrontaliers puisque ces rivières prennent leur source en Ukraine et passent par la Roumanie ou l’Ukraine en amont avant de passer par la Moldavie. Ici, la gestion de la ressource en eau n’est pas simple notamment en ce qui concerne le Dniestr. La pollution des eaux transfrontières a généré certaines pressions entre pays voisins (Moldavie/Roumanie, Moldavie/Ukraine).  Ainsi, en 2014, des échantillons d’eau ont été prélevés sur le fleuve Dniestr, la rivière Prut et les résultats des indicateurs de qualité de l’eau ont dépassé les concentrations maximales admissibles,

Zoom sur la gestion transfrontalière du Dniestr vue pendant le séminaire transnational en Moldavie (notes prises par le groupe de jeune suite à l’intervention de M.Trombitchi, memre de l’association ECOTIRAS):

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Aujourd’hui, avec le changement climatique et les pollutions accrues, ce fleuve est fortement menacé. Le Dniestr est un couloir écologique important pour la biodiversité et les écosystèmes. De nombreuses espèces animales (oiseaux / poissons…)  se servent de ce fleuve pour se reproduire, manger et se repérer (dans leur migration). La préservation du Dniestr n’est pas simple, elle nécessite une coopération étroite entre la Moldavie et l’Ukraine. Outre les problèmes politiques liés aux tensions autour du Dniestr (La guerre du Dniestr), les problèmes liés à l’eau en Moldavie via ce fleuve sont aujourd’hui toujours d’actualité et dépendent fortement de la bonne volonté des autorités ukrainiennes.

A l’époque de l’Union Soviétique, ce fleuve était géré dans son intégralité par ce régime. A la chute du bloc soviétique, l’Ukraine et la Moldavie géraient séparément leur tronçon du Dniestr. En 1994,  un accord bilatéral sur l’utilisation et la protection des ressources en eau du bassin dans la zone transfrontalière a été signé entre la Moldavie et l’Ukraine. Cet accord ne portait cependant pas sur les ressources biologiques et les écosystèmes du fleuve.  Afin de mettre en place une coopération transfrontalière commune pour la préservation de la biodiversité, de 1995 à 1998, de nombreuses conférences internationales ont été organisées. Six ONG moldaves et 5 ONG ukrainiennes rassemblées à travers l’organisation Rivers Keepers ont alors élaboré une première coopération dans l’optique de préserver ce fleuve. C’est uniquement en 2004 que la gestion du Dniestr  à l’échelle du bassin versant a pris une forme concrète sous l’impulsion de l’ONU. Un diagnostic a notamment été réalisé en 2005 qui a abouti sur l’élaboration d’un programme d’action. En 2012, un traité bilatéral sur la coopération, la conservation et le développement durable du bassin du Dniestr a été mis en œuvre et ratifié par la Moldavie. L’Ukraine n’a cependant toujours pas ratifié ce dernier.

En parallèle, un groupe de travail a été impulsé par l’Union Européenne pour la gestion des inondations et l’adaptation au changement climatique dans le bassin du Dniestr. Ce groupe qui rassemble de nombreux acteurs (autorités régionales dont la Transnistrie, acteurs scientifiques, acteurs industriels, ONG, et les gouvernements moldave et ukrainien) a été mis en place pour planifier des mesures d’adaptation au changement climatique. Des actions sont en cours aujourd’hui afin que la bassin du Dniestr puisse s’adapter au changement climatique qui menace fortement ce dernier et principalement la partie moldave.

Selon M. Trombitschi, membre de l’association ECOTIRAS, expert reconnu au sein de l’ONU, pour faire face aux différentes problématique de ce fleuve, il est nécessaire que :

-Les autorités ukrainiennes signent le traité de coopération

-D’établir conjointement un plan de protection durable du bassin versants

-S’adapter au changement climatique

-Sensibiliser le public

Les différentes étapes visant à une coopération concrète entre ces deux pays sont longues et ne sont pas encore totalement abouties. Ce travail de coopération internationale est nécessaire pour conserver durablement la biodiversité de ce bassin versant transfrontalier. Également, pour donner un accès à l’eau qui soit durable, viable et équitable une coopération et un partage des eaux semblent être indispensable (exemple d’un problème concret : le barrage construit en Ukraine qui met la pression sur le débit de ce fleuve en aval).

Site internet sur la coopération autour du bassin de la rivière Dniestr : cliquez >>>ICI

Pour consulter l’article : « Gérer le Dniestr », cliquez >>>ICI

Pour consulter la présentation réalisée par M. Trombitschi, cliquez >>>ICI

Les rivières transfrontalières en Europe

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Notre approche dans ce cursus en ligne focalisé sur le contexte de l’eau en Moldavie a visé à vous donner une vue générale du contexte de cette république en vous donnant des clefs de compréhension sur les problématiques liées à l’eau en Moldavie.  Les problématiques sont multiples et principalement liées à un contexte historique de ce pays en voie de développement. De nombreuses lois et mesures sont aujourd’hui misent en place mais les problèmes structurels liés à la Moldavie contraignent et ralentissent l’application de ces lois localement. Il est également à noter que pour résoudre certains problèmes liés à la qualité des eaux, il est nécessaire de réaliser un travail de sensibilisation très fort vers les ménages moldaves afin de responsabiliser ces derniers à certains gestes quotidiens, habitudes qui peuvent paraitre à première vue évident mais que sont pas automatiquement ancrés dans toutes les mentalités (ex: gestion des déchets des animaux domestiques).