L’exploitation des écosystèmes et de la ressource par l’Homme

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L’Homme a toujours modifié son environnement et façonné les paysages pour en tirer profit et se mettre en sécurité. L’exploitation des écosystèmes et de la ressource en eau participe au déséquilibre des cycles de l’eau.

A. La déforestation

gdsgLes forêts jouent un rôle majeur dans l’équilibre climatique puisqu’elles captent les molécules de CO2 et retiennent les molécules d’H2O. En Europe, les forêts couvraient environ 80% de nos terres, alors qu’aujourd’hui celles-ci couvrent seulement 34 %, à l’exception de la Russie. Selon Eduardo Rojas-Briales, sous-directeur général du département des forêts de la FAO, « Les forêts font partie des infrastructures naturelles de tout pays et sont essentielles au cycle de l’eau (…) Elles réduisent les effets des inondations, préviennent l’érosion du sol, régulent le niveau de la nappe phréatique et assurent à la population, aux industries et à l’agriculture une alimentation en eau de bonne qualité » (32).

Les forêts sont des espaces qui participent à l’équilibre des cycles de l’eau avec les phénomènes de retenue, d’infiltration de l’eau et d’évapotranspiration des végétaux. En détruisant les forêts, l’Homme influence et perturbe cet équilibre et favorise l’érosion.

L’érosion est un processus géomorphologique naturel qui provoque la dégradation et la transformation du relief. Ce phénomène est accentué par l’action de l’Homme et modifie les habitats des espèces animales et végétales. Par ailleurs, le dénuement des sols favorise le ruissellement et de ce fait, diminue la réserve hydrique du sol. De plus, ce sont des eaux polluées qui ruissellent sans traitement artificiel ou naturel dans les fleuves.

L’arrêt de la déforestation et la re-végétalisation des terres usées représentent des enjeux majeurs pour minimiser les impacts sur la ressource en eau et atténuer les effets du changement climatique. Par exemple, des forêts de protection ont été mises en place en France. « Les forêts de protection sont des forêts publiques ou privées, restaurées ou protégées pour se prémunir et prémunir les générations à venir et les écosystèmes contre les catastrophes naturelles, les risques naturels, afin de préserver la sécurité, la santé et la qualité de vie des habitants des zones très urbanisées, les ressources en eau et le patrimoine sol » (33).

Dans les forêts de protection, une réglementation stricte est introduite pour conserver ces milieux naturels (interdiction de l’accès au public, du pâturage, des défrichements, des fouilles et de l’emprise d’infrastructures…). Par exemple, les forêts rhénanes strasbourgeoises sont désormais protégées par le décret du 28 juillet 2006 qualifiant ce territoire de réserve naturelle.

De même, en Europe des programmes de reboisement sont mis en place, avec l’objectif de restaurer ou de créer des zones boisées qui ont été détruites dans le passé. A titre d’exemple, selon l’Office National des Forêts ONF, la France comptait en 6500 avant JC, 400 000 km2 de forêt, 75 000 km2 à son minimum au milieu du 19ème siècle et compte aujourd’hui 155 000 km2 de forêt. De nombreuses campagnes de reforestation menées par des communautés, des associations, l’ONU sont impulsées aujourd’hui partout dans le monde.

B. Modification des cours d’eau

449552-664676Parallèlement à la déforestation, l’Homme, à la moitié du XXème siècle, a réalisé de nombreuses opérations d’aménagement des cours d’eau. Nombre d’entre eux ont vu le tracé de leur lit (34) modifié : c’est la chenalisation (35). L’Homme a également installé des barrages, « ouvrages d’art » construits au travers des cours d’eau pour réguler le débit des rivières ou stocker l’eau. Toutes ces opérations cherchent à maitriser la capacité hydraulique d’un secteur de rivière, à protéger les terres cultivables et les habitats des inondations, à produire de l’énergie, à irriguer et à alimenter en eau potable les Hommes et les bêtes. En France, au total, les barrages retiennent 7,5km3 d’eau sur les 10km3 d’eau stockés (36).

amenagementsLa chenalisation a un impact sur l’équilibre des cours d’eau puisque non seulement elle modifie les habitats de la faune et de la flore mais elle déséquilibre aussi le régime hydrologique naturel. Plus particulièrement, la chenalisation a des effets sur:

– les pics de crue et les étiages à certains endroits du bassin sont augmentés.

– la pente et la vitesse d’écoulement sont modifiées.

– les méandres de la rivière sont supprimés et donc la présence de refuges où le débit est moins fort et qui constituent des endroits de repos et de reproduction pour les poissons.

– le cours d’eau est isolé de son environnement. Cela entraîne la disparition de zones humides à côté du lit de la rivière et la disparition de la biodiversité dans ses zones. De plus, cela limite l’oxygénation de l’eau car la surface de contact entre l’air et l’eau est plus faible. Or, l’oxygène joue un rôle principal dans le processus d’épuration naturelle de l’eau. Le cours d’eau n’est plus connecté aux eaux souterraines et ne se recharge pas en minéraux.

– la chenalisation impacte donc aussi la qualité intrinsèque de l’eau.

Ainsi, en favorisant l’accélération du ruissellement ou sa retenue, en supprimant les végétaux aux bords de nos berges, l’Homme déséquilibre les cycles de l’eau.

Aujourd’hui, de nombreuses actions sont engagées en Europe pour reconstituer le régime hydrologique naturel des cours d’eau et donc leur dynamique. Ces opérations sont très délicates. Le retour d’expérience est encore faible, les processus hydromorphologiques se réalisant à des échelles de temps importantes. En Rhône-Alpes, des opérations d’arasement des barrages, d’aménagements de berges et des cours d’eau sont en cours et subventionnées par l’Agence de l’Eau Rhône Méditerranée Corse (AERMC) (39).

Ces actions qui contribuent au rétablissement des régimes hydrologiques sont également très bien illustrées dans le documentaire Le Rhône, la renaissance d’un fleuve (2015) réalisé par Claude Julie Parisot.

C. L’urbanisation

dsvL’urbanisation ne cesse de croître et devient préoccupante. Selon l’association Terre de Liens, 1300 hectares d’espaces agricoles et naturels sont recouverts de béton et de bitume chaque semaine, soit l’équivalent en moyenne de la surface d’un département tous les 7 ans. L’étalement des villes induit la mise en place de nombreuses infrastructures, l’imperméabilisation des sols, la chenalisation et l’endiguement des rivières. D’après le Ministère de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt, en 2012, 9% du territoire français est artificialisé soit 5,1 millions d’hectares.

L’imperméabilisation des sols contribue au ruissellement de l’eau au détriment de son infiltration. L’eau qui ruisselle des zones urbaines est souvent chargée de matières polluantes (de type hydrocarbures, métaux lourds…) et contamine ainsi les cours d’eau. En effet, dans certaines villes le réseau d’assainissement (le tout à l’égout) permet une évacuation de l’eau vers les rivières. En Europe, plus de 20 km3 d’eau de pluie sont évacuées chaque année du continent, ce qui fait en 50 ans 1000 km3 d’eau (soit 1,1 fois l’eau contenue dans le lac Titicaca). Dans le passé, cette eau saturait l’écosystème, remplissait les nappes et rafraîchissait l’atmosphère.

mesure-de-la-température-ilot-de-chaleurLes villes deviennent très rapidement des îlots de chaleur qui transforment l’énergie qui tombe sur le sol en chaleur sensible. Les îlots de chaleur sont des micros climats artificiels qui se caractérisent par des élévations de température localisées. En éliminant la végétation et en favorisant le ruissellement de l’eau, l’urbanisation (imperméabilisation des sols, dénaturation du paysage) contribue au déséquilibre des cycles de l’eau.

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Bassin de rétention d’eau dans un Ecoquartier (Hanovre)

Aujourd’hui, de nombreuses solutions existent pour minimiser les impacts de l’imperméabilisation des sols. La solution la plus viable est de contrôler l’aménagement des territoires à travers une politique de gestion des eaux pluviales intégrées aux plans d’urbanisation. L’Union Européenne a tenté d’instaurer une directive cadre sur les sols (42).

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Noue d’infiltration: Ces aménagements absorbent les pics de ruissellement sans envoyer l’eau vers l’aval. L’eau s’infiltre lentement dans le sol, en grande partie dépolluée par les plantes et les bactéries naturellement présentes.

Cependant celle-ci a échoué suite à l’opposition de certains États. De nombreuses techniques favorisant les espaces verts, les toitures végétalisées, les éco-quartiers, l’implantation de noues (43), de chaussées réservoirs, de puits d’absorption, de tranchées drainantes ou encore de bassins d’infiltrations (…) permettent de minimiser les impacts de l’urbanisation sur la ressource en eau. Ces techniques de rétention d’eau sur les territoires sont des solutions coûteuses en installation et en entretien. Elles nécessitent un appui politique et financier fort.

D. L’agriculture intensive

L’agriculture mondiale est le premier secteur employeur : 40 % de la population active dépend de l’agriculture. Pour autant, c’est un des secteurs les moins durables : on considère qu’il est responsable de 20 % des émissions de gaz à effet de serre (44).

Mais ce n’est pas l’unique problème que pose ce secteur. La modernisation des pratiques agricoles (avec la technicité) a permis d’augmenter considérablement les rendements agricoles. L’agriculture intensive qui en découle menace particulièrement les équilibres naturels. En effet, l’agriculture intensive consiste à créer de grandes surfaces cultivables qui sont exploitées à partir de modèles productivistes. On estime que la production agricole a été multipliée par 6 entre 1900 et 1975 (45). En rassemblant les champs pour créer de très grandes surfaces cultivables rentables où la technicité peut être introduite, l’homme a supprimé en grande partie les bandes enherbées, les haies (…) qui séparaient auparavant les différentes cultures. Ainsi, l’Homme a effacé les retenues d’eau végétales naturelles, a favorisé le ruissellement et a asséché les sols.

dsdPour augmenter les rendements et accroître la durée de la saison agricole, l’Homme utilise des techniques d’irrigation en complément de l’eau de pluie. Il s’agit d’une opération qui consiste à apporter artificiellement de l’eau à des végétaux cultivés pour en augmenter la production et permettre leur croissance en cas de déficit pluviométrique, de drainage (46) excessif… Il existe différentes techniques d’irrigation qui puisent dans les eaux de surfaces ou dans les eaux souterraines. En 2007, en France, selon les Agences de l’eau 47, les agriculteurs ont prélevé 48 3,923 km3 d’eau pour irriguer leurs champs. 80 % de l’eau prélevée provient des eaux de surface. De plus, il faut ajouter que l’irrigation représente en France environ 63,5 % de l’eau totale consommée par les usagers 49. La raréfaction de l’eau, en période estivale et l’intensification des usages amènent à prélever dans les nappes; une eau dont le renouvellement est plus long (cf. Fiche sur la place de l’eau dans notre environnement).

L’usage d’eau souterraine 50 pour l’irrigation dans le monde a triplé depuis les années 1960. Certaines techniques d’irrigation ne sont pas durables et posent aujourd’hui des problèmes majeurs du fait de l’origine de la ressource pompée et de sa non restitution au milieu naturel. En effet, cette consommation d’eau participe au processus d’érosion et de salinisation des sols. D’autant plus que 30 à 60 % des eaux issues des techniques d’irrigation traditionnelles ne profitent pas aux cultures et s’évaporent directement (51).

CCI07102015_0006L’agriculture intensive pose de nombreux problèmes pour la ressource en eau qui se voit impactée tant en terme de quantité que de qualité. L’agriculture pollue l’eau du fait des apports d’engrais et de pesticides (insecticides, fongicides, herbicides). On utilise en moyenne 180 millions de tonnes de produits chimiques par an dans le monde. Les trois plus gros utilisateurs de produits chimiques pour l’agriculture sont les États-Unis, le Brésil et la France. Selon l’IFEN (Institut Français de l’Environnement), 96 % des cours d’eau et 61 % des nappes phréatiques en France contiennent au moins un pesticide. Ainsi, chaque Français ingère 1,5 kg de pesticides par an (consommation des légumes, des fruits ou de la viande et des poissons). Or, les personnes les plus exposées à ces intrants (les ouvriers qui les produisent et les agriculteurs qui les utilisent) souffrent et décèdent d’empoisonnement et de maladies liées à cette exposition.

En somme, l’agriculture intensive appauvrit et entraîne la désertification des sols avec des techniques d’exploitation intensive, pollue avec les multitudes d’intrants chimiques utilisés, prélève et consomme de très grandes quantités d’eau ce qui perturbe les cycles de l’eau, nuit à la santé des producteurs et des consommateurs !

Eau virtuellePour comprendre cette surconsommation d’eau à travers les usages agricoles, nous pouvons utiliser ce qu’on nomme l’empreinte eau (52). Cet outil met en évidence le volume d’eau nécessaire pour produire un bien ou un service. La revue Ecological Indicators a démontré récemment que les produits alimentaires représentent en effet 84 % de l’empreinte eau de l’Europe (53).

Avec cet indicateur, nous comprenons qu’il est nécessaire d’adapter nos cultures au climat de notre bassin versant mais aussi de repenser nos habitudes alimentaires. En effet, diminuer notre consommation de viande, de sucre et de graisses animales permettrait de réduire cette même empreinte à 23%. En plus de réduire notre empreinte eau, le changement d’habitudes alimentaires résoudrait beaucoup de problèmes de santé publique comme les problèmes d’obésité, de cholestérol, de diabète.

dsfPour minimiser les impacts sur la ressource en eau, de nombreuses techniques peuvent être employées pour retenir l’eau dans les surfaces agricoles. Par exemple, il est possible de réimplanter des haies ou des arbres sur nos terres. D’autres techniques comme la réimplantation de bandes enherbées, la rotation des cultures, l’utilisation de techniques d’irrigation durables (telle que le goutte à goutte), l’agriculture biologique (…) permettent de réduire les pertes d’eau et de diminuer la consommation en eau.

Des économies d’eau peuvent être également réalisées si nous décidons de cultiver uniquement des semences adaptées à notre climat. En effet, certaines monocultures, impulsées en Europe par la Politique Agricole Commune (PAC) de l’Union Européenne, sont très demandeuses d’eau du fait de leur non adaptation au climat européen. Ainsi, le maïs très cultivé sur notre continent, est à l’origine une plante tropicale c’est-à-dire une plante non adaptée à notre climat. Cette céréale est très demandeuse en eau et nécessite un arrosage régulier en été. Environ 900 litres d’eau sont nécessaires pour produire un 1kg de maïs.

E. Les usages de l’eau par l’industrie

Les industries représentent l’ensemble des activités socio-économiques tournées vers la production en série de biens ou d’énergie. Les industries sont historiquement implantées au bord de l’eau, qui était source d’énergie. Aujourd’hui, les industries continuent d’utiliser massivement cette ressource pour produire de l’énergie, laver des objets, chauffer ou refroidir, ou encore réaliser des réactions chimiques en milieu aqueux (55)… Il est estimé aujourd’hui que les industries utilisent environ 20 % de la consommation totale mondiale d’eau. Ce chiffre varie en fonction des pays et du secteur d’activité industrielle.

E.1 L’eau dans la production de biens et services

Sans titreLes industries qui produisent des biens manufacturés ont besoin de la ressource en eau dans leur processus industriel. Elles peuvent avoir besoin d’eau potable (l’agroalimentaire), d’eau très pure (l’électronique, la médecine) mais peuvent aussi utiliser de l’eau usée. En France, les industries, hors secteur de l’énergie, ont utilisé en 2007 9,8% du prélèvement total de l’eau (59 % de cette eau provient dans les eaux de surface) (56).

Selon le CNRS, « les industries les plus gourmandes en eau sont les industries de transformation. En France, les quatre secteurs d’activité que sont la chimie de base et de production de fils/fibres synthétiques, l’industrie du papier et du carton, la métallurgie, et la parachimie et l’industrie pharmaceutique, totalisent à eux seuls les deux tiers de toutes les consommations industrielles » (57).

E.2. L’eau dans la production d’énergie

Dans les processus liés à l’industrialisation, l’eau est une ressource massivement utilisée dans les centrales nucléaires, dans les centrales hydrauliques, dans les centrales à charbon. L’Homme a besoin de plus en plus d’énergie pour assouvir ses besoins. Ici, le plus gros préleveur est le secteur de l’hydroélectricité qui à la différence des autres usages consomme très peu d’eau. En effet, l’eau est généralement prélevée puis rejetée directement dans l’environnement.

De manière générale, les prélèvements d’eau pour produire de l’énergie influent sur la qualité de l’eau (ex : changement de la température, pollution…). L’Agence Internationale de l’Energie (IAE) estime que les prélèvements d’eau destinés à la production d’énergie dans le monde sont de 583 km³ pour l’année 2010 (soit environ 6,6 fois la quantité d’eau retenue par le Léman). Dans les scénarios de l’IAE, en 2035, les prélèvements d’eau augmenteront de 20 % pour produire de l’énergie et la consommation d’eau pour le secteur énergétique connaîtra une hausse de 85%.

Cette utilisation excessive de l’eau par ce secteur pose non seulement des problèmes quantitatifs mais aussi qualitatifs puisqu’il est estimé que 15 à 18 km³ d’eau douce sont contaminés chaque année par la production de combustibles fossiles.

CCI07102015_0013La France est un des plus gros producteurs d’énergie nucléaire (58 réacteurs actifs) avec les États-Unis et le Japon. L’énergie nucléaire représente 75% de la production totale d’énergie en France. Dans le discours populaire le nucléaire, est assimilé à une énergie propre. Les centrales ne rejetant que de la vapeur d’eau ! En réalité, l’intérieur et le mécanisme d’une centrale mettent en jeu énormément de produits chimiques. La moindre fuite entraine des pollutions très importantes. Pour ne donner qu’un exemple, en 2011, la centrale de Chooz dans les Ardenne a rejeté entre 200 à 600 litres d’acides sulfuriques dans la Meuse suite à une fuite dans des tuyauteries rouillées. Ces rejets, même inférieurs aux seuils légaux, se combinent dans l’eau avec d’autres polluants provenant d’autres industries ou des activités agricoles dont les effets sont peu connus mais certainement dangereux. Ces fuites sont malheureusement fréquentes. En effet, le parc nucléaire est vieillissant. La plupart des réacteurs ont été construits à la suite du choc pétrolier, entre 1977 et 1987 pour une durée de vie initiale de 30 ans ! Par ailleurs, les déchets nucléaires posent aujourd’hui beaucoup de questions concernant leur gestion et leur retraitement. Mais le problème essentiel du nucléaire est celui du risque humain et environnemental incompatible avec le principe de précaution. Les accidents de Tchernobyl (1986) et de Fukushima (2011) nous montrent bien le danger de cette technologie. En dehors des risques de fuite, d’explosion (…), la technologie CCI07102015_0012nucléaire pollue l’environnement et notamment l’eau puisque l’eau prélevée subit des traitements chimiques (déminéralisation, chloration) qui donnent lieu à des rejets chimiques, principalement du sodium, des chlorures et des sulfates mais aussi parce que l’eau est échauffée du fait de son utilisation pour le refroidissement. Dès lors, c’est de l’eau plus chaude de quelques degrés qui est rejetée dans les milieux aquatiques. Le réchauffement des rivières entraine des modifications de la faune et de la flore. La question d’une sobriété énergétique mais aussi d’une production d’énergie verte est cruciale pour la préservation de l’eau et du climat !

Aujourd’hui, le secteur énergétique fait peser une nouvelle menace pour l’eau avec l’accélération de l’exploitation des gaz de schiste aux États-Unis, en Afrique du Nord et en France aussi avec de nouveaux permis d’exploration. Le gaz de schiste est un gaz qui est coincé dans la roche dans de grand profondeur est donc difficilement exploitable. Pour l’extraire, il faut fracturer la roche en envoyant de l’eau sous pression, mélangée avec du sable et des produits chimique. Cette technique d’extraction est extrêmement gourmande en eau mais aussi très polluante. Le gaz de schiste est un phénomène inquiétant car l’exploitation de ce gaz cache de gros enjeux économiques et de dépendance énergétique.

Pour minimiser les impacts sur la ressource en eau, les économies d’énergie se présentent comme une solution viable et durable. En contrôlant notre consommation d’énergie au quotidien, nous économisons la ressource en eau et nous contribuons à l’équilibre du climat. L’utilisation des énergies renouvelables (énergie solaire ou éolienne …) sont des solutions qui doivent être encouragées par nos politiques publiques. Comme le souligne le plaidoyer de France Libertés : « Une autre façon de mieux utiliser les ressources en eau est de leur rendre une visibilité. La mise en place d’une empreinte eau (« water footprint ») pour les biens de consommation issus de l’industrie serait un moyen efficace de sensibiliser le consommateur et de responsabiliser les entreprises face à la surexploitation des ressources en eau dans le monde » (59).

Il nous semble également nécessaire d’interroger nos modes de consommation qui reposent aujourd’hui principalement sur des biens d’ordre secondaire.

F. Les usages domestiques de l’eau

Nous appelons usages domestiques de l’eau, les prélèvements et les rejets de la ressource en eau destinée aux besoins directs de l’Homme. Il s’agit des soins d’hygiène, des préparations alimentaires et des lavages. Comme le précise un article publié par le Centre d’Information sur l’Eau, « Les évolutions économiques et sociales, la modernisation, l’urbanisation, et l’arrivée de l’eau dans les logements ont totalement modifié nos usages domestiques de l’eau » (60).

A la fin du 18ème siècle, les hygiénistes estimaient qu’une personne utilisait pour l’ensemble de ses besoins entre 15 et 20 litres d’eau tandis qu’aujourd’hui en France, la consommation moyenne d’un habitant par jour est de 137 litres d’eau. Cette consommation varie en fonction de la composition des foyers et en fonction du revenu de chaque personne. A cette consommation, nous pouvons ajouter l’ensemble des consommations collectives des écoles, hôpitaux, lavage de voirie…

L’accès à l’eau et à l’assainissement est très développé en Europe. Quasiment 99 % de la population française est raccordée à un réseau d’eau et d’assainissement. Le prélèvement sur la ressource en eau en France pour les usages domestiques est de 5 775 km³ en 2007 soit 18,3 % de l’eau totale prélevée. 63% de cette eau est pompée dans les nappes phréatiques. La dépollution des eaux de surface a un coût si élevé qu’il est plus économique aujourd’hui de capter l’eau souterraine qui représente 24 % du total des eaux consommées par les usagers de l’eau (61).

En plus, nos canalisations présentent de nombreuses failles. Le réseau est vétuste. Ainsi, l’association 60 millions de consommateurs estime qu’un litre d’eau sur cinq n’arrive pas à notre robinet. Au total, en France, les fuites d’eau liées à notre réseau de canalisations long de 850 000 km, représentent sur un an environ 1,3 km³ d’eau.

Pour minimiser les impacts, de nombreuses associations réalisent de la prévention afin de réduire notre consommation d’eau qui va de pair avec la réduction de notre consommation d’énergie. Par exemple, l’association InterSolidar réalise un travail de sensibilisation en éditant un guide des bonnes pratiques pour économiser l’eau. Il faut également renforcer les actions de réduction des fuites d’eau par des travaux d’entretien des canalisations.


(31) Le temps de résidence d’une molécule d’eau dans la biosphère est estimé à une semaine.
(32)Rojas-Briales – Extrait de son discours – le 21 mars 2011 à la veille de la journée mondiale de l’eau : http://www.fao.org/news/story/fr/item/53467/icode
(33) Source Wikipedia
(34) Partie généralement située en fond de vallée dans laquelle s’écoule un courant d’eau sous l’effet de la gravité
(35)La chenalisation recouvre toutes les actions qui consistent à modifier la morphologie d’un cours pour le rendre plus rectiligne et contraindre son écoulement. Cf. définition du Cemagref : http://www.glossaire.eaufrance.fr/concept/chenalisation
(36) Chiffres issus du dossier Le financement de la gestion des ressources en eau en France (actualisation de janvier 2012)
(37)http://www.randonneepyrenees.com/3_peche/milieux/danger_menaces.html
(38) http://www.esrifrance.fr/sig2004/communications/cnr/cnr.htm
(39)L’Agence de l’Eau est un établissement public de l’Etat sous la tutelle du Ministère en charge du développement durable. Elle assure trois grandes missions : améliorer la gestion de l’eau, lutter contre la pollution et protéger les milieux aquatiques. Il en existe 6 en France qui gèrent les 7 grands bassins versants.

(40) Cf. le site de l’association Terre de Liens: www.terredeliens.org/ et l’article d’Alternatives Economiques, juin 2012 : http://www.alternatives-economiques.fr/l-agriculture-grignotee-par-la-ville_fr_art_1149_59046.html
(41)Chiffre issu de Kravcík M. (2007), L’eau pour rétablir le climat – le nouveau paradigme de l’eau
(42) Directive proposée par la commission le 22 septembre 2006.
(43) Fossés peu profonds et larges, végétalisés, qui recueillent provisoirement de l’eau, soit pour l’évacuer via un trop-plein, soit pour l’évaporer (évapotranspiration) ou pour l’infiltrer sur place permettant ainsi la reconstitution les nappes phréatiques.
(44) Cf. site du mouvement des Colibris, L’agriculture: les chiffres clés :https://www.colibris-lemouvement.org/revolution/revolutionnons-lagriculture/agriculture-des-chiffres-cles
(45) « Vie », site ressource en Sciences de la Vie – ENS / DGESCO / UPMC 1999-2015 : http://www.snv.jussieu.fr/vie/
(46) Technique qui consiste à favoriser artificiellement l’évacuation de l’eau gravitaire. Le drainage est pratiqué dans de nombreuses cultures, il favorise le ruissèlement de l’eau vers les rivières.
(47)Rapport annuel 2010 du Conseil d’Etat, L’hydrosystème et son droit. Comme le souligne les Agences de l’eau, il est à noter que ces données présentes une fiabilité limitée car certains usages de l’eau (notamment pour l’agriculture) sont mal connus et appréhendés .
(48) Il est nécessaire de distinguer le prélèvement de la consommation d’eau. Comme le souligne le centre d’information sur l’eauLes prélèvements désignent la quantité d’eau prélevée dans le milieu naturel puis rejetée après utilisation (donc à nouveau disponible), tandis que la consommation correspond à une quantité d’eau prélevée, réellement consommée, absorbée. Qui ne peut être pas renvoyée directement dans la nature après usage. »
(49) Période de l’année où le niveau d’un cours d’eau atteint son point le plus bas
(50) C’est-à-dire consommé
(51)« Vie », site ressource en Sciences de la Vie – ENS / DGESCO / UPMC 1999-2015 : http://www.snv.jussieu.fr/vie/dossiers/eau/eaugestion/eauagriculture.html
(52) http://waterfootprint.org/en/
(53) Cité par le mouvement des Colibris dans L’agriculture : les chiffres clés : https://www.colibris-lemouvement.org/revolution/revolutionnons-lagriculture/agriculture-des-chiffres-cles

(54) http://www.viande.info/elevage-viande-ressources-eau-pollution
(55)Qui contient de l’eau
(56) Rapport annuel 2010 du Conseil d’Etat, L’hydro système et son droit
(57)Le CNRS en ligne : http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/doseau/decouv/usages/consoIndus.html

(58) Cf. article du réseau Sortir du nucléaire http://www.sortirdunucleaire.org/spip.php?page=article_dossier&id_article=34119
(59)Plaidoyer Eau et Climat de la Fondation France Libertés
(60) http://www.cieau.com/les-ressources-en-eau/en-france/les-usages-domestiques
(61) Rapport annuel 2010 du Conseil d’Etat, L’hydrosystème et son droit